Le monde est-il de plus en plus violent ?

Crimes, guerres, délinquance… : les média nous inondent chaque jour de mauvaises nouvelles. Est-ce que le monde va réellement de plus en plus mal ? Prenons un peu de recul et examinons les chiffres des conflits armés et de la criminalité au niveau mondial.

Ils nous réservent une bonne surprise : les deux décennies qui se sont écoulées depuis 2001 ont été les plus pacifiques qu’ait connu le monde depuis 1910, voire 1840. Le nombre des victimes de la violence guerrière (guerres, invasions, terrorisme, attentats…) a en effet baissé de façon significative par rapport aux décennies antérieures : il y a eu moins d’un million de tués par cette forme de violence en 2001-2010 ainsi qu’en 2011-2020 ; soit beaucoup moins que dans les décennies antérieures, de 1840 à 2000 (à l’exception de la décennie 1900-1910). Le tiers de siècle 1914-1947 apparaît comme la période la plus meurtrière de toute l’Histoire de l’humanité : entre 100 et 200 millions de personnes sont décédées de morts violentes sur une planète alors peuplée d’environ 2 milliards d’êtres vivants.

Nous vivons aujourd’hui l’une des périodes les plus pacifiques de toute l’Histoire de l’humanité. Cela n’enlève rien à l’horreur des conflits qui ravagent encore certaines régions du monde (Ukraine, Ethiopie, Soudan, Yémen etc) mais nous permet d’espérer que l’humanité est sur la bonne voie, celle d’une moins grande violence guerrière.

Si l’on regarde les autres formes de violence (non guerrière), la tendance est également à la baisse : au niveau mondial, le taux d’homicides diminue lentement depuis plus de deux décennies, passant d’un pic de 7,4 pour 100 000 en 1993 à 6,1 pour 100 000 en 2017. Alors que le nombre mondial de victimes d’homicides est passé de 362 000 en 1990 à 464 000 en 2017, et a donc augmenté en valeur absolue, le taux réel d’homicide est en baisse en raison de la croissance démographique. Pour le dire autrement, il y a de plus en plus d’humains sur terre, mais ils sont de moins en moins violents.

Bien que la criminalité ait connu une baisse régulière dans la plupart des régions, il existe d’importantes variations régionales. La plus grande proportion d’homicides volontaires au niveau mondial a été enregistrée dans les Amériques (37%), suivie de près par l’Afrique, qui représentait un peu plus du tiers (35 %) du total. Malgré sa grande population, l’Asie représente moins d’un quart du total (23%), tandis que l’Europe (4,7%) et l’Océanie (0,2%) représentaient de loin les plus petites parts. Autre tendance très positive : l’Europe a connu une baisse du taux d’homicides de 63 % depuis 2002 et de 38 % depuis 1990.

Les chiffres sont donc clairs : la violence guerrière et les autres formes de violences criminelles sont globalement en baisse depuis plus de 25 ans, même si le nombre des victimes reste terrifiant (on estime que sur cette période, 11,8 millions de personnes ont perdu la vie à la suite d’un homicide volontaire, et près de 3 millions dans le cadre d’un conflit armé). Le monde va mal, mais si on l’observe sur des périodes longues de plusieurs décennies, au lieu de regarder seulement les nouvelles du jour, il ne va pas plus mal qu’avant, il va même mieux. Il existe donc des raisons d’espérer que les choses continuent à s’améliorer, même si certaines tendances plus ponctuelles doivent aussi inciter à une grande prudence (comme la hausse des victimes de conflits à partir des années 2010).

Sources :

Auteure : Laure Oudet-Dorin

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